Pourquoi les agences donnent parfois des boutons aux assos (et vice versa) ? Cindy Gisquet-Fifi a été chargée de communication et levée de fonds dans une association pendant 6 ans. Aujourd’hui, elle est chef de projet chez COM&SENS (bienvenue Cindy 🎉). Pour nous, elle décrypte les malentendus fréquents, les freins… et les belles surprises qui pimentent la relation association/agence.

À l’époque où tu gérais la collecte de fonds en interne, pourquoi hésitais-tu à faire appel à une agence ?
Soyons honnêtes : c’était souvent une question de budget.
Quand on est en association, chaque euro compte. Le conseil d’administration peut avoir du mal à voir l’intérêt d’une dépense externe alors qu’on a déjà une équipe interne investie.
Mais c’est justement là que réside le malentendu : une bonne agence, ce n’est pas une dépense. C’est un investissement. Qui peut rapporter en efficacité, en professionnalisation, en résultats.
Le frein, c’est aussi parfois le manque de maîtrise du sujet en interne. On a peur de se faire balader, de ne pas savoir juger si c’est bien ou pas. D’où l’importance d’une relation de confiance avec la personne-relais dans l’association.
Quels sont les malentendus qui reviennent le plus souvent entre associations et agences ?
La plupart des malentendus sont directement liées à des attentes mal formulées ou des non-dits.
Les deux mondes ont leurs codes, leur vocabulaire, leurs urgences. Si on ne prend pas le temps d’aligner tout ça dès le début — qui fait quoi ? dans quels délais ? avec quels moyens ? — on court à la déception.
Il faut poser un cadre clair, dès le départ, et garder un fil de communication ouvert, honnête, bienveillant. C’est le seul moyen d’éviter les malentendus et les attentes déçues.
Dans quels cas une association aurait-elle vraiment intérêt à faire appel à une agence de fundraising ?
Je vois deux cas très concrets :
- Quand les compétences existent en interne, mais qu’on a besoin de recul.
Cela arrive quand les campagnes qui fonctionnaient autrefois s’essoufflent, ou quand une crise pousse à revoir sa stratégie. Une agence apporte alors un regard neuf, un diagnostic, des pistes concrètes pour ajuster le tir. - Quand les compétences manquent.
Dans ce cas, l’agence peut prendre le relais sur les aspects stratégiques, sans alourdir la masse salariale. Mais il faut une personne référente dans l’association pour suivre le projet et garder le cap. 😊
Quels sont, pour toi, les ingrédients d’une collaboration réussie entre une association et une agence ?
La confiance et la compréhension mutuelle.
Côté association, on a besoin de sentir que l’agence comprend vos enjeux réels et qu’elle est là pour aider et pas seulement pour « vendre une presta ».
Côté agence, on a besoin d’avoir un vrai partenariat et de ressentir un respect de notre expertise métier.
Cela demande du temps, de la clarté, et un cadre bien posé dès le départ. Mais quand ce socle existe, les projets gagnent en fluidité, en justesse, en impact.
Y a-t-il une cause ou une campagne qui t’a particulièrement marquée dans ton parcours ?
Oui, la campagne d’urgence menée après le cyclone Chido à Mayotte.
L’équipe sur place — que je connaissais bien — a vécu la catastrophe de plein fouet. On attendait des nouvelles, on découvrait les dégâts, on évaluait des besoins immenses…
Mais ce qui m’a bouleversée, c’est la rapidité avec laquelle l’élan de solidarité s’essouffle. L’émotion médiatique retombe, d’autres urgences prennent le relais… alors que sur place, tout reste à reconstruire.
Ce constat, je l’ai fait sur d’autres crises aussi. Il nous rappelle à quel point l’engagement doit durer au-delà du choc initial.
Quel message aimerais-tu adresser à toutes les petites associations de France ?
Trois mots d’ordre simples :
- Prenez soin de vos fichiers. Chaque contact est une chance.
- Prenez soin de vos donateurs. Le lien est plus important que le montant.
- Prenez soin de vos équipes. Ce sont vos premiers ambassadeurs.
C’est là que commence une communication solide : dans l’humain, la relation, la confiance. 😊